La santé mentale au coeur de nos préoccupations
Le marché du travail s’est transformé en profondeur ces dernières décennies. Pour s’adapter à cette évolution, les employés et les employeurs ont dû faire preuve de flexibilité. Avec la rapidité du commerce mondial, la pénurie de main-d’œuvre et l’accroissement de la compétitivité, ils sont amenés à faire de nombreux efforts pour créer un environnement propice à la réussite.
L’arrivée de la pandémie de COVID-19 est un défi de taille qui s’est ajouté à cette réalité. La population active se retrouve maintenant dans un climat d’incertitude. Pendant cette période difficile, la solitude, l’anxiété, la dépression et le stress sont plus que jamais au rendez-vous. Selon l’association canadienne pour la santé mentale, au Canada, la pandémie de COVID-19 a des effets néfastes sur les émotions de la population puisque 77 % des adultes affirment ressentir des émotions qu’on qualifie de négatives. Il est donc important de placer la santé mentale au cœur de nos préoccupations.
La santé mentale : le bien-être et l’épanouissement
Chaque jour, nous rencontrons différents facteurs qui favorisent ou ébranlent notre santé mentale. Ces facteurs proviennent de l’environnement physique, personnel, social, économique et biologique. Puisqu’il est impossible d’éviter tous les facteurs négatifs, il est important d’être à l’écoute de soi afin de comprendre et ne pas refouler nos émotions. Comme un ballon d’anniversaire dans lequel on souffle à répétition, à un certain point, nous devons arrêter, sinon il éclate ! La santé mentale est une question d’équilibre. Si vous accumulez trop de facteurs négatifs, vous serez déstabilisé et vous risquez de vivre un inconfort. Vous voulez éviter d’éclater comme un ballon trop gonflé !
Afin d’éviter cet état désagréable, il faut développer un mécanisme de prise en charge qui vous permet de rétablir votre équilibre. Cependant, vous devez être patient. Pensez aux jeunes enfants qui gonflent leur premier ballon. Ils ne savent pas quand arrêter. Il s’agit donc d’apprendre à se connaitre.
Qu’elles soient le résultat d’un surinvestissement au travail, d’isolement, de problèmes financiers, d’une mauvaise alimentation, d’obligations familiales etc., les émotions sont normales. Il faut se permettre de les ressentir pour mieux les comprendre et ainsi cibler nos besoins. Ceci permettra d’adopter des stratégies cohérentes. Il faut prendre le temps d’analyser nos réactions émotionnelles et comportementales occasionnés par les facteurs positifs et négatifs. Par exemple, j’ai appris qu’un manque de sommeil peut occasionner chez moi un manque de motivation et de concentration. Je m’assure donc d’avoir un minimum de 7 heures de sommeil par nuit. Il faut identifier ce qui contribue à votre bien-être et ce qui contribue à votre mal-être afin de modifier vos habitudes.
La santé mentale au travail
La santé mentale a une incidence non négligeable sur le travail tel que la motivation, la production et l’absentéisme. Selon la Commission de la santé mentale du Canada, plus de 21 % de la population active souffrirait d’un trouble de santé mentale ou d’une maladie mentale, ce qui représenterait des pertes de productivité de 6,3 milliards pour les organisations canadiennes.
Plusieurs facteurs peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale au travail :
- Le manque de reconnaissance ;
- L’absence de pouvoir de décision ;
- Le climat négatif ;
- Les attentes irréalistes ;
- Le manque de stimulation et de possibilité de progression ;
- La difficulté à déléguer ;
- Etc.
L’employé, maintenant responsable de gérer sa carrière, doit favoriser son bien-être en adoptant différentes stratégies. Des actions peuvent être mises en place tel qu’établir une routine, favoriser les contacts sociaux, bien mangé ou prendre des pauses. Le travailleur doit prendre conscience de ses besoins et de ses limites et savoir les communiquer à son supérieur. Pour certain, l’idée d’avoir ce genre de conversation peut générer du stress. Afin de vous sentir mieux, vous pouvez vous préparer à cette rencontre afin de structurer votre pensée. Vous pourriez aussi cibler des suggestions concrètes d’aide que vous pourriez recevoir. Il est important de travailler en équipe pour atteindre le mieux-être.
Par où commencer?
Pour que tous atteignent une bonne santé mentale, ceci doit être l’affaire de tous. Les milieux de travail doivent mettre en place des conditions favorables à celle-ci, au même titre que pour la santé physique. À priori, les employeurs doivent offrir une écoute active et favoriser un climat de confiance afin de permettre aux employés de s’exprimer. Ils doivent communiquer avec empathie et peuvent donner de l’information utile sur les ressources, les politiques, les programmes ainsi que sur les formations offertes. Ils doivent faire preuve d’ouverture d’esprit et de flexibilité afin d’offrir des mesures aidantes aux employés selon leurs besoins. Par exemple, un réaménagement d’horaire, l’accès à de l’équipement approprié, la possibilité de vacances non rémunéré, etc.
La conception des tâches doit tenir compte des capacités mentales de l’employé au même titre que ses capacités physiques. L’emploi doit être raisonnablement exigeant et les attentes doivent être claires. Il est possible d’initier certaines pratiques qui encouragent le mieux-être mental tel que planifier des rencontres hebdomadaires pour faire le point, bâtir un système de soutien au travail, organiser un lunch d’équipe virtuel ou une marche de levée de fond, etc.
Enfin, la préparation d’un plan de retour au travail avec le supérieur immédiat d’une personne ayant éprouvé des problèmes de santé mentale est grandement encouragée. Bref, chacun se doit de montrer l’exemple afin de placer la santé mentale au cœur de la culture de l’entreprise.
Conclusion
Les préjugés, la stigmatisation et la discrimination face à la santé mentale n’ont plus leur place. Ceux-ci peuvent aggraver la souffrance des personnes atteintes. La société doit faire un effort collectif afin d’agir sur ce fléau. Il est important de ne pas attendre que les symptômes de détresse psychologique soient trop avancés pour en informer votre entourage personnel et professionnel. Le simple fait d’en parler rend les émotions moins intenses et nous permet de nous sentir mieux. Si vous avez l’impression d’avoir perdu le contrôle et que les symptômes sont trop avancés, n’hésitez surtout pas à communiquer avec votre médecin, avec un intervenant ou encore avec une ligne d’intervention. Il est important de prendre soin de vous et de réduire votre sentiment d’impuissance.
Références
Association canadienne pour la santé mentale
Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec
Ordre des CRHA du Québec
Organisation mondiale de la santé
Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail
Commission de la santé mentale du Canada
Mouvement santé mentale Québec
Chambre de commerce du Montréal métropolitain
Surmonter un problème de santé mentale au travail, Guide à l’intention des gestionnaires, Ministère de la santé et des services sociaux du Québec, 2000
Démarche d’intervention sur l’organisation du travail afin d’agir sur les problèmes de santé mentale au travail, Louise St-Arnaud, Sylviane Gignac, Pierre Gourdeau, Mariève Pelletier et Michel Vézina, 2010
Enjeux et solutions en santé mentale et travail : le point de vue des gestionnaires d’une grande organisation de santé, Marc Corbière, Maud Mazaniello-Chézol, Marie-France Bastien, Steve Geoffrion, Catherine Briand, Mélanie Lavoie-Tremblay, Anick Hurtubise et Pascal Tanguay, Volume 45, numéro 1, printemps 2020
La santé mentale et les accommodements raisonnables au travail : mythe ou réalité? Anne-Marie Laflamme, Maude Bégin-Robitaille, 2013
Santé mentale et travail : comprendre, prévenir et agir, Association québécoise pour la réadaptation psychosocial, volume 22 – numéro 3, printemps 2014