25 janvier 2022
Par : Nicolas Roy

La santé mentale : On a tous un rôle à jouer!

J’ai besoin de te parler. J’ai quelque chose d’important à te dire… m’écouterais-tu? 

  • Savais-tu qu’un Canadien en emploi sur quatre affirme que sa vie autant personnelle que professionnelle s’est détériorée depuis le début de la pandémie [1]?
  • Savais-tu que les gestionnaires / managers présentent 70 % plus de risques de vivre des épisodes de crise et d’angoisse pour leur propre santé mentale que ceux qui n’ont pas d’employés à leur charge [2]?
  • Savais-tu qu’un Canadien sur quatre de 18 ans et plus a fait l’objet d’un dépistage positif pour des symptômes de dépression, d’anxiété ou de trouble de stress post-traumatique (TSPT) au printemps 2021 [3]?
  • Savais-tu que plus d’un Canadien sur trois sera touché par une maladie mentale au cours de sa vie [4]?

Sans être alarmiste… l’heure est grave! 

Ces statistiques sont inquiétantes et nous font comprendre que nous serons TOUS touchés de près ou de loin par une personne aux prises avec un enjeu de santé mentale. Prendre conscience collectivement de cette situation est la première étape vers son amélioration et ultimement vers sa « déstigmatisation ».

La pandémie : un facteur aggravant 

Les répercussions de la pandémie sur la santé mentale des gens sont significatives. Plusieurs études dénotent une dégradation de ce pilier de la santé humaine. Laisse-moi te poser une question : que fais-tu quand tu as un mal insoutenable à une jambe qui t’empêche de marcher, un mal de ventre qui ne veut pas partir ou même, une éruption cutanée qui ne semble pas normale? Tu en parles à quelqu’un, n’est-ce pas? Que ce soit un.e ami.e, un membre de ta famille, un.e collègue ou un.e spécialiste. Tu appelles rapidement le 811 pour te faire rassurer ou pour t’orienter. Personne ne te juge, car tu ressens de la douleur et que tu cherches à obtenir de l’aide. Tu te reconnais dans cette situation? Moi oui. C’est normal! Ce réflexe est profondément ancré en ce qui concerne des soucis affectant directement la santé physique!

Il est temps de transposer ce réflexe au niveau de la santé mentale, car on va se le dire ; elle est tout aussi importante que la santé physique! Il faut le réaliser plus que jamais. Plusieurs efforts sont faits afin de « déstigmatiser » la santé mentale. La journée « Cause pour la cause » en est un bel exemple. Il faut en faire une priorité aujourd’hui, demain et tous les autres jours de l’année!

J’ai le goût de te partager quelques approches qui peuvent être prises par les organisations (et notamment par la haute gestion) afin de favoriser la santé mentale de leurs employé.e.s, mais aussi par toi et moi, au cœur de notre travail au quotidien.

Sensibiliser. Sensibiliser. Sensibiliser 

La santé mentale doit être au cœur des discussions au sein d’une organisation. La haute direction doit donner l’exemple et faire de la santé mentale un élément central de sa gestion et de son leadership. Être en mesure non seulement d’en parler, mais de personnifier ce changement de réflexe et de mentalité. Pour s’assurer du succès d’une telle approche, il faut que tous soient en mesure de parler le même langage en ce qui concerne la santé mentale. Comme dirait si bien Mme Chantal Dufort, spécialiste en santé mentale, pour éviter que la santé mentale reste un sujet tabou, il faut en parler, mais parler le même langage. Une organisation doit sensibiliser ses employés sur ce qu’est la santé mentale et ce que cela comprend. La haute direction doit donner le ton en prenant des actions concrètes pour changer profondément les comportements. Concrètement? En investissant dans la formation des employés (incluant les gestionnaires / managers), dans l’organisation de sessions d’information sur le sujet et dans la tenue de sessions de travail sur des thèmes impactant la santé mentale.

Faire preuve de compassion 

Avoir la capacité d’écouter, de comprendre et être sensible à ce qu’une autre personne ressent est tellement important en milieu de travail. Mais est-ce suffisant? Car ceci a des limites au niveau de la capacité à aider une personne. Avoir une approche teintée de compassion est en quelque sorte la suite logique de l’empathie. Non seulement je comprends ce que tu ressens mais je suis là pour t’aider. Dans un contexte où la santé mentale est en jeu, ça devient encore plus important. Cette approche permet de guider l’autre et l’orienter vers des options ou des solutions possibles. Être présent et agir comme un coach, un mentor et un guide.

Travailler sur le bonheur au travail 

Le bonheur au travail est intimement lié à la santé mentale des travailleurs. Une corrélation forte existe entre ces deux éléments. Il est donc important d’y porter attention. Voici quelques pistes de solution à considérer par TOUS dans un contexte d’emploi  :

  • Faire preuve de gentillesse en posant des gestes de façon volontaire qui aideront ses collègues sans rien attendre en retour.
  • Appeler un.e collègue pour prendre des nouvelles et discuter de sujets non reliés au travail pour renforcer le lien avec celui-ci.
  • Remercier sincèrement quelqu’un qui a pris le temps de porter une action qui aura un impact positif sur soi.
  • Prendre le temps d’apprécier le moment présent, prendre un pas de recul pour réfléchir ou prendre un 5 minutes de calme pour penser.
  • Valoriser l’activité physique en prenant des pauses pour prendre une marche, travailler debout ou même pratiquer un sport.

Mesurer l’état de la situation (régulièrement) 

Prendre le pouls des gens qui composent son organisation est extrêmement important. Cela permet de comprendre ce qu’ils pensent et ressentent. Dans le contexte pandémique, l’information obtenue permet de mieux comprendre les éléments de stress, les sources d’inquiétudes et les craintes et également, de trouver des pistes de solutions et d’amélioration. Que ce soit par un sondage annuel, des sondages-éclairs, des rencontres de travail, de simples discussions informelles, cette prise d’informations est essentielle pour poser un diagnostic. C’est en quelque sorte la prise des signes vitaux lors d’un rendez-vous chez le médecin ; à chaque rendez-vous, on les prend. Pourquoi? C’est la base du bon fonctionnement du corps humain. Donc, comme l’humain est au centre des organisations; il appert plus qu’important de vérifier comment il va, non?

Je m’engage personnellement à continuer à mettre en pratique ces approches et ces pratiques afin de rendre mon environnement de travail un lieu où la santé mentale est non seulement déstigmatisée, mais aussi VALORISÉE. Et toi, veux-tu aussi faire partie de la solution?

 
Nicolas Roy, CRHA, ADM.A., M.SC.

Chef de la direction (CEO) chez EPSI

Références

[1] Rapport de l’Indice de santé mentale (Novembre 2021). https://lifeworks.com/fr/rapport-de-lindice-de-sant%C3%A9-mentale

[2] Rapport de l’Indice de santé mentale (Novembre 2021). https://lifeworks.com/fr/rapport-de-lindice-de-sant%C3%A9-mentale

[3] Enquête sur la COVID-19 et la santé mentale (Septembre 2021). https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/210927/dq210927a-fra.htm

[4] Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Santé mentale. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/maladie-mentale-canada-infographie.html